Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/93

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— Hélas ! non, mon enfant… Le médecin a ordonné qu’on le change d’air, et on l’a emmené loin d’ici… dans son pays… Il est parti ce matin.

Les yeux de Norine étaient pleins de grosses larmes.

— Parti ! balbutia-t-elle, je ne le verrai plus ?

— Il a bien pensé à vous, poursuivit le garde général… Avant de s’en aller, il m’a prié de vous donner ceci.

Il lui tendit le couteau. Norine le prit et le serra nerveusement dans ses doigts.

— Il m’a chargé aussi de vous embrasser pour lui.

Alors elle se mit à sangloter en lui tendant sa figure hâlée, et il la baisa sur le front.

— Enfin, soupira-t-elle, si c’est pour son bien !… Vous me jurez qu’il sera mieux là-bas ?

— Je vous le jure !

Et il ne mentait pas le garde général… Dans le nouveau cimetière, à l’orée du bois, où les retombées des grands hêtres ombrageaient sa fosse, Bigarreau était « mieux ». Il y goûtait un repos absolu, que les mauvais rêves et les pato-