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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/106

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pointe des pieds et s’approcha du lit ; mais le vieillard ne sembla pas la voir ; ses yeux gris continuèrent à poursuivre dans les plis de ses rideaux des visions mystérieuses.

— Mon oncle ! mon oncle Renaudin ! dit Gertrude, me voici.

Le son de cette voix douce le tira de son immobilité, mais non de son rêve. Ses yeux se tournèrent vers la jeune fille et la contemplèrent avec une fixité effrayante ; ses lèvres remuèrent.

— Toujours ! murmura-t-il, je la vois maintenant toujours et partout. Ses yeux tristes ne me quittent pas, et le son de sa voix me secoue jusque dans la moelle des os… Mais, reprit-il en reculant vers le mur, jamais je ne l’avais vue si nettement que ce soir… Ses yeux sont pleins de reproches et son silence me donne la fièvre… Non, je ne veux plus qu’elle revienne me reprocher sa misère et son enfant abandonné !… Je ferai un sacrifice, s’il le faut ; j’achèterai le repos au poids de l’or… Vite, vite ! A-t-on été chercher ma nièce Gertrude ?

— Elle est près de vous, Monsieur ! cria Pitois.

— Me voici, mon oncle ! répéta Gertrude toute tremblante.