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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/107

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Et, surmontant sa peur, elle lui prit la main.

Le vieillard tressaillit, pencha la tête du côté de sa nièce, et parut s’éveiller en sursaut.

— Hein ! hein ! fit-il, qui a parlé ?… Ah ! te voici, petite !… Je m’étais assoupi… Es-tu là depuis longtemps ?

— Je viens d’arriver, mon oncle.

— Tu as bien fait de venir… Fanchette, mets du bois au feu et laisse-nous. J’ai à causer avec ma nièce.

Ses idées redevenaient lucides. Quand ils furent seuls, il dit à Gertrude de s’asseoir à son chevet, et, lui prenant affectueusement les mains :

— Je suis aise de te voir, commença-t-il. J’ai à t’entretenir de choses sérieuses… Mais ce sont des choses difficiles à dire, et il faudra que tu aies de la patience… Et puis, c’est un secret que tu devras me garder fidèlement. Je m’étais bien promis de le garder moi-même ; mais il y a des secrets qu’on porte légèrement quand on est jeune, et qui deviennent trop lourds quand on se fait vieux… Et je vieillis, Gertrude, je m’affaiblis tous les jours, soupira-t-il en regardant ses longs doigts pâles et osseux.— J’ai peut-être encore une dizaine d’années à vivre, tout au plus ; puis il me faudra quitter ma maison de