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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/109

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est devenu lourd comme un quintal de fer… Il faut que je traîne cela nuit et jour ; je n’ai plus de sommeil !… A tout prix je veux me débarrasser de ce cauchemar qui m’écrase la poitrine ! J’ai compté sur toi, Gertrude ; j’ai confiance en toi, parce que tu es bonne et courageuse. Veux-tu me rendre un service ?

— Oh ! de tout mon cœur, mon oncle ! s’écria Gertrude attendrie.

La figure altérée du vieillard se rasséréna un peu. Il serra les mains de sa nièce dans les siennes et reprit d’une voix plus calme :

— Écoute d’abord une histoire du temps de ma jeunesse,… car j’ai été jeune, moi aussi, et j’ai été amoureux tout comme un autre. C’était à B…, et celle qui m’aimait était modiste comme toi. Elle était jolie et fière de ses beaux cheveux, pareils aux tiens… C’est cette ressemblance qui m’a tout d’abord intéressé à toi. Elle avait vingt ans et j’en avais trente. Nous étions deux étourdis, et nous nous aimions sans songer à l’avenir… Bref, une faute fut commise, et je ne sais lequel de nous deux fut le plus imprudent… Pourtant, moi, je lui promis le mariage… et ce fut un tort.

Il s’arrêta, un peu embarrassé, en voyant l’expression de tristesse et de reproche qu’avait