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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/110

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prise la figure de Gertrude.— L’histoire de M. Renaudin était la banale et navrante histoire des séductions vulgaires. La jeune fille séduite, étant devenue mère, l’avait conjuré de tout réparer par le mariage. Mais ils étaient pauvres tous deux ; Renaudin était égoïste et ambitieux : un pareil mariage eût entravé son avenir et gâté sa situation. Il avait quitté B… et s’était établi à Reims. Là, par un soir d’hiver, sa victime était venue de nouveau le supplier. Il avait été sans pitié et lui avait fermé sa porte, la laissant errer, par la pluie et le vent, à travers les rues désertes d’une ville étrangère… Depuis il n’avait jamais entendu parler d’elle, et il avait cru que tout était fini. Mais plus il avait pris d’âge, plus ses remords étaient devenus violents.

— Je crois, disait-il à sa nièce, je crois la revoir à chaque instant… La nuit, quand je veux fermer les yeux, je l’aperçois tout d’un coup là ! — et il montrait un coin du rideau.— Elle a la tête nue, et ses cheveux blonds sont soulevés par le vent ; ses yeux sont tristes comme des fleurs mouillées… Je n’y tenais plus ; j’ai voulu savoir ce qu’elle était devenue, et j’ai fait prendre en secret des renseignements…

— Vous l’avez retrouvée ? interrompit Gertrude, dont le cœur battait.