Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/127

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Clermont et retenait une place pour Beauzée. On lui en promit une pour le lendemain au soir. Comme elle sortait du bureau, une femme surgit de l’ombre du porche et parut l’examiner. Gertrude hâta le pas, un secret pressentiment lui disait qu’elle était suivie ; en effet, en tournant la tête, elle aperçut une forme vague qui marchait dans la même direction qu’elle. Alors la peur la prit, elle se mit à courir, et, s’engageant dans les petites rues qui avoisinent Polval, elle ne suspendit sa course qu’après avoir eu la certitude qu’on avait perdu sa trace. Cet incident redoubla son désir de partir au plus vite et de sortir enfin de la situation fausse où elle se trouvait.

L’enterrement eut lieu le lendemain : Gertrude n’y assista pas. Le soir venu, elle paya largement la vieille, et, n’emportant de cette maison qu’une boucle des cheveux de la morte, comme un souvenir pour le petit, elle partit avec l’orphelin, chaudement emmailloté, qui se plaignait doucement et qui finit par s’endormir au roulis de la voiture.

Le trajet de B… à Beauzée n’est pas bien long et la nuit n’était pas trop avancée quand Gertrude frappa à la porte de la nourrice. C’était une forte gaillarde, femme d’un rémouleur. Comme