Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/128

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elle était prévenue, elle reçut l’enfant sans trop d’étonnement ni de questions. Elle avait l’air d’une brave femme, et elle promit de choyer le nourrisson comme s’il eût été à elle. Gertrude lui donna tout l’argent qu’elle demanda, et, après lui avoir indiqué son adressa à B… et lui avoir fait de minutieuses recommandations, elle repartit par le courrier du matin.

Il lui tardait de rentrer à son magasin. Pâlie et affaiblie par plusieurs nuits de veille, elle éprouvait néanmoins une certaine satisfaction en se sentant secouée par les cahots du courrier. Elle se disait qu’elle avait rempli jusqu’au bout et sans encombre sa triste mission, que son oncle serait content d’elle, qu’elle allait enfin pouvoir reprendre sa vie régulière, et qu’elle pourrait penser librement et tout le jour à Xavier. Elle se sentait soulagée d’un poids énorme, et quand la voiture s’arrêta dans la rue de la Rochelle, ce fut avec bonheur qu’elle sauta sur le trottoir, courut prendre son paquet à l’auberge, et se dirigea vers la maison des demoiselles Pêche.