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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/15

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— Allons, fit Xavier en posant son crayon, on n’y voit plus.

— Reine, dit la sœur aînée d’une voix aigre-douce, le souper ne sera jamais prêt !… Laisse donc ton livre, tu finiras par te perdre les yeux.

Reine feuilleta les dernières pages de son roman et releva la tête d’un air de mauvaise humeur.— Si tu as peur pour mes yeux, répondit-elle, allume la lampe.

— Nous brûlons déjà trop d’huile, reprit sèchement Honorine, et tu sais bien que la buire doit nous faire une semaine.

— Reine, dit alors madame de Mauprié d’un ton emphatique, tu ne devrais pas oublier que nous avons de lourdes charges et que nous devons être économes…. Laisse ton roman et occupe-toi des choses utiles.

— Bien parlé, ma mère ! cria une voix rude, et au même moment la porte entr’ouverte livra passage au fils aîné, Gaspard de Mauprié, tandis qu’un chien de chasse vint secouer son poil mouillé jusque sur les jupes de Reine.

Elle jeta son livre avec dépit, et, repoussant l’épagneul : — Emmène-donc ton chien, dit-elle à Gaspard, sa place est au chenil et non dans la salle.