Aller au contenu

Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XII


Cependant, à travers ces épreuves et ces désillusions, les jours passaient ; le printemps commençait à poindre, et l’époque de la majorité de Gertrude se rapprochait. Dans les vergers du village, les pommiers et les cerisiers en fleurs secouaient au vent d’avril leur neige parfumée ; à la lisière des bois les hêtres verdoyaient ; — de l’herbe humide des prés, de la jeune feuillée des clos ensoleillés, et des profondeurs sonores de l’Argonne sortait une suave haleine de renouveau qui ragaillardissait toutes choses.

Les esprits eux-mêmes subissaient cette salutaire influence du printemps. Il y avait plus d’activité et plus de bonne humeur dans le village, plus de bienveillance dans les cœurs et moins d’âpreté dans les discours. Les rancunes s’étaient adoucies, les colères s’étaient apaisées,