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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/205

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et il s’était opéré une réaction en faveur de Gertrude. L’estime dans laquelle le curé et le notaire continuaient à la tenir avait d’abord agi sur les esprits les moins prévenus. Puis, la conduite réservée de la jeune fille, sa bonté, jointe à une grande dignité de manières, imposèrent peu à peu à ceux mêmes qui avaient crié le plus fort. On lui savait gré du dévouement qu’elle montrait pour son enfant adoptif.

— Dans tous les cas, s’il est à elle, disait-on, il faut lui rendre cette justice qu’elle aime bien ce petiot, et qu’elle l’élève avec toute sorte de soins et de tendresses.

Les Mauprié sentirent à leur tour le contrecoup de cette réaction : on les plaignait moins fort et on écoutait moins patiemment leurs doléances. La veuve s’en aperçut la première, et elle cessa ses sourdes attaques contre sa nièce. Quant à Xavier, il était d’autant plus malheureux qu’il se reprochait d’avoir été trop violent avec Gertrude, et qu’il l’aimait toujours avec passion. Il avait d’abord essayé de l’oublier, en se jetant dans les distractions chères à son frère Gaspard ; mais il avait bien vite reconnu qu’il n’était pas fait pour ce genre de vie, et il était revenu à son atelier un moment abandonné. Il n’avait plus de courage à rien. Ne se sentant ni