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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/247

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au grand contentement d’Adeline, qui trouvait le ménage fastidieux, et de madame Obligitte, nature apathique et faible, tout occupée de pratiques dévotes et de pieuses méditations. Véronique avait un jugement sûr et prompt, et malgré leur répugnance pour ce qu’ils nommaient ses idées romanesques, son oncle et sa tante la consultaient chaque fois qu’il fallait prendre une décision. Elle dirigeait la vieille servante, tenait les comptes de M. Obligitte, avait l’œil à tout, et trouvait encore le temps de faire une lecture en se promenant dans la campagne.

Mais cette activité, renfermée le plus souvent dans un cercle étroit de détails matériels, ne suffisait pas à son âme ardente. Elle éprouvait parfois le besoin de s’élancer au delà, de donner une autre visée à sa jeunesse et à son énergie, et chaque fois elle venait se heurter aux réalités de la vie qu’on menait à Saint-Gengoult. La maison de la place Verte était froide et endormie comme un couvent ; les journées s’y succédaient, grises et monotones. Les tracas du ménage absorbaient toute la matinée, puis la journée s’achevait presque toujours par un travail de tricot ou de broderie, dans une salle basse donnant sur une cour intérieure.— Ces après-midi