Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/246

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Comment trouvez-vous ma coiffure ?… J’ai l’air d’une mariée, n’est-ce pas ?… Ce soir, j’ai envié de me mettre en rose, et je vais essayer ma robe.— Elle fit une folle révérence et sortit en chantant.

Les deux cousines contrastaient non seulement par le visage, mais surtout par les goûts et le caractère. A un fonds de frivolité native, Adeline joignait l’étroitesse d’âme de sa mère et l’esprit positif de M. Obligitte. Les choses sérieuses effrayaient son cœur de papillon, elle aimait le plaisir, et ne secouait sa pensée paresseuse qu’à force de bruit et de dissipation ; elle était toujours en mouvement et toujours ennuyée.— Véronique était silencieuse, concentrée, intelligente et énergique ; elle aimait à se dévouer, et les obstacles n’arrêtaient pas son activité généreuse ; elle les affrontait avec fierté, en femme accoutumée de bonne heure à lutter contre les difficultés de la vie. L’inaction seule lui faisait peur, soit parce qu’elle avait une horreur instinctive de l’oisiveté, soit peut-être parce qu’elle redoutait de se trouver face à face avec de pénibles souvenirs. Elle avait besoin, elle aussi, de se dépenser au dehors, mais son agitation n’était pas stérile. Dès son arrivée à Saint-Gengoult, elle avait pris la direction de la maison,