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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/53

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près de la cheminée où deux pauvres tisons se mouraient dans un monceau de cendres. Il attisa un moment le brasier, puis fixant de nouveau ses yeux perçants sur la jeune fille :

— Dis-moi, reprit-il, que vas-tu faire à B… ?

— Je vais y apprendre un métier, mon oncle, afin de gagner ma vie.

La figure de l’avare s’éclaircit un peu.

— Bien, fit-il, tu veux travailler… Bien cela, petite, et d’autant mieux que ce n’est pas dans les habitudes de ta famille… Et les Mauprié te laissent partir sans regret, hein ?

— C’est moi qui ai demandé à m’en aller ; je ne voulais pas abuser de l’hospitalité de ma tante… Il faut apprendre à se suffire à soi-même, quand on est pauvre.

— Pauvre !… pauvre ! grommela le vieillard qui crut saisir un reproche dans ces derniers mots, à qui la faute ?… Si ta mère et ta tante m’avaient écouté autrefois, elles n’auraient pas épousé leurs hâzis[3] de verriers, et elles s’en seraient mieux trouvées… Enfin, continua-t-il en se radoucissant, tu as pris le bon parti, qui est de travailler quand on est jeune… C’est comme cela que j’ai fait ; j’ai quitté Lachalade à