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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/52

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silencieusement sa nièce, puis, comme si quelque chose avait enfin tressailli au dedans de lui, sa figure prit une expression moins rébarbative.

— Tes adieux ? reprit-il, tu quittes donc la maison du verrier ?

— Je vais à B…, répondit Gertrude.

— A B… ! s’écria M. Renaudin.— Les muscles de sa face parcheminée se détendirent et le nom de cette ville parut agir mystérieusement sur son esprit.— Pitois, cria-t-il, laisse-la monter.

— Attrape ! dit le garde triomphant, et il fit la nique à Fanchette qui s’éloigna d’un air grognon.

Quand Gertrude fut sur le palier : « Attends un moment, petite ! » murmura son oncle. Il se traîna dans sa chambre où la jeune fille l’entendit clore à double tour les portes des armoires et les tiroirs d’un secrétaire. « Tu peux venir maintenant ! » lui cria-t-il.

La pièce où elle entrait était entièrement lambrissée de chêne. Au fond, un grand lit carré à baldaquin de perse faisait face à la porte. De hautes fenêtres garnies de rideaux jaunis donnaient sur la vallée et les bois. M. Renaudin était assis dans son fauteuil de façon à avoir le secrétaire à portée de la main.— Viens te chauffer, dit-il à Gertrude en lui montrant une chaise