Aller au contenu

Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aimer ; défie-toi de ceux qui te diront que tu es jolie !… Ne donne pas ton cœur avant d’avoir au doigt un bel anneau de mariée. Veille sur toi ; les hommes sont égoïstes et ne valent rien !…

Il s’était levé, tout surexcité ; l’expression étrange de sa figure effraya Gertrude :

— Mon oncle, dit-elle, il est temps que je prenne congé de vous ; je vais jusqu’aux Islettes à pied, et le brioleur Herbillon m’attend pour charger ma malle.

— Allons ! fit-il en abaissant la voix, merci de ta visite, Gertrude ! Avant de partir, mets-toi là et écris-moi lisiblement ton adresse à B…

Elle lui obéit, et pendant qu’elle écrivait, il ouvrit son secrétaire :

— Je ne veux pas que tu t’en ailles sans rien emporter de moi. Tiens !

Il lui glissa dans la main un double louis :

— Serre-le bien, c’est de l’or… C’est beau et bon comme un rayon de soleil, et c’est plus rare ! Ne le montre à personne ici, et promets-moi, si j’ai besoin de toi quelque jour, de revenir dès que je t’appellerai.

— Je vous le promets, mon oncle, répondit-elle tout émue !

— Maintenant, laisse-moi baiser tes cheveux