Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/112

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ment. Pline[1] aussi dit le vin estre souueraine medecine. Ce que les Perses congnoissans fort bien estimerent les grandes entreprises, apres le vin moderemêt pris, estre plus valables, que celles que lô faisoit à ieun, c’est a sçauoir estant pris en suffisante quantité, selon la complection des personnes. Nous auons dit, qu’il n’y a que la quantité és aliments qui nuise. Dôcques ce vin est meilleur à mon iugement la seconde ou troisieme année, que la premiere, qu’il retient ceste ardeur du Soleil, laquelle se côsume auec le temps, et. ne demeure que la chaleur naturelle du vin : comme nous pourrions dire de noz vins de ceste année 1556 : ou bien apres estre transportez d’un lieu en autre, car par ce moyen ceste chaleur ardête se dissipe. le diray encore qu’en ces isles de Madere[2] luxurient si abondamment les herbes et arbres, et les fruits à semblable, qu’ils sont contraints en coupper et brusler une partie, au lieu desquels ils plantent des cànes à sucre, qui y profitent fort bien, apportans leur sucre en six moys. Et celles qu’ils auront plantées en ianuier, taillent au mois de

  1. Pline. Hist. nat. xxiii, 19.
  2. D’après le baron De Buch, l’île de Madère est encore parée aujourd’hui, malgré les effets du défrichement et de la culture, de cette richesse et de cette beauté de formes végétales que Camoens a célébrées dans le cinquième chant des Lusiades. « Madère est devant nous, Madère, l’orgueil de l’Océan qui l’embrasse et des Portugais qui l’ont peuplée. Elle doit son nom à ses forêts. Placée aux limites de l’ancien monde, elle n'a point la célébrité de Paphos ni de Cythère, mais elle les égale en beauté, et si le destin l’eut soumise à l’empire de Vénus, Vénus l’eut préférée aux bosquets de Cythère et de Paphos. »