Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/117

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et collé de gomme en forme de petit coffret ou estuy[1], plein de certains caracteres propres à faire inuocations, dont coustumierement ils usent par certains iours sans Poster, ayans opinion que cependant ne sont en danger d’aucun inconvenient. Pour mariage ils s’assemblent les uns auec les autres par quelques promesses, sans autre ceremonie. Ceste nation se maintient assez ioyeuse, amoureuse des danses, qu’ils exercent au soir à la Lune, à laquelle ils tornent tousiours le visage en dansant, par quelque maniere de reuerence et adoration. Ce que m’a pour vray asseuré un miê amy, qui le sçait pour y auoir demeuré quelque temps. Barbazins et Serrets peuples d’Afrique. Par delà sont les Barbazins et Serrets[2], auec lesquels font guerre perpetuelle ceux dont nous auôs parlé, combiê qu’ils soyêt semblables, hors-mis que les Barbazins sont plus sauuages, cruels et belliqueux. Les Serrets sont vagabonds, et comme desesperez, tout ainsi que les Arabes par les deserts, pillâs ce qu’ils peuuêt, sans loy, sans roy, sinon qu’ils portent quelque honneur à celuy d’entre eux qui a fait quelque prouesse ou vaillance en guerre : et alleguent pour raison, que s’ils estoient submis à l’obeissance d’un Roy, qu’il pourrait prendre leurs enfans, et en user comme d’esclaues, ainsi que le Roy de Senega.

  1. Cet usage s’est conservé. Presque tous les nègres de la côte Sénégalienne portent encore au cou diverses amulettes, dont ils ne se séparent jamais, même quand ils se convertissent au christianisme ou à la civilisation.
  2. Le nom des Serrets s’est perpétué. Ce sont les Serreres de nos jours. Cf. Fleuriot De Langle. Croisières à la côte d’Afrique. Tour du monde. n° 595.