Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/126

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sablonneux[1], et sterile : qui est cause que là ne se trouue tant de bestes rauissantes qu’ailleurs. Ce fleuue est le premier, et plus celebre de la terre du costé de l’Ocean, separant la terre seiche et aride de la fertile[2]. Son estendue est iusques à la haute Libye, et plusieurs autres païs et royaumes qu’il arrose. Il tient de largeur enuiron une lieue, qui toutesfois est bien peu, au regard de quelques riuieres qui sont en l’Amerique : desquelles nous toucherons plus amplement cy apres. Avant qu’il entre en l’Ocean[3] (ainsi que nous voyôs tous autres fleuues y têdre et aborder) il se deuise, et y entre par deux bouches elongnées l’une de l’autre enuirô demye lieue, lesquelles sont assés profondes, tellement que lon y peut mener petites nauires. Opinion de quelques anciens sur l’origine du Nil et de Senegua. Aucuns anciens, comme Solin en son liure nommé Polyhistor, Iules Cæsar, et autres, ont escrit ce grâd fleuue du Nil passant par toute l’Egypte,

  1. Cette description est encore vraie de nos jours. Depuis l’embouchure du Sénégal jusqu’au Cap Verd, la côte est en effet sablonneuse et stérile. Quelques arbres rabougris couvrent à peine les dunes d’une végétation que la poussière du désert rend grisâtre. Voir Fleuriot De Langle. Croisières à la côte d’Afrique. Tour du monde. n° 595.
  2. En effet, le fleuve sert de frontière au désert. Les sables commencent à la rive septentrionale.
  3. Arrivé tout près de la mer, le Sénégal est arrêté par une digue étroite de sable, coule alors vers le sud, se divise en deux larges bras, au milieu desquels est notre capitale Saint-Louis, et finit au-dessous de cette ville, en formant une barre mobile qui gêne beaucoup la navigation. La description de Thevet est donc fort exacte.