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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/147

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sont appellez Ichthyophages. Ichthyophages[1], ne viuants seulemêt que de poisson, rendus autresfois soubs l’obeissance du grand Alexandre. Les Anthropophages sont aupres des mots de la Lune : et le reste tirant de là iusques au Capricorne, et retournant vers le cap de Bonne Esperance est habité de plusieurs diuers peuples, ayans diuerses formes et monstrueuses[2]. On les estime toutesfois auoir esté les premiers néz au monde, aussi les premiers qui ont inuenté la religion et cerimonies : et pour ce n’estre estrangers en leur païs, ne venans d’ailleurs, n’auoir aussi oncques enduré le ioug de seruitude, ains auoir tousiours vescu en liberté. C’est chose merueilleuse de l’honneur et amitié qu’ils portent à leur Roy. Amytié des Anthropophages enuers leur Roy. Que s’il auient que le Roy soit mutilé en aucune partie de son corps, ses subiets[3] spe-

  1. Les Ichtyophages dont parle Thevet n’étaient pas Africains. Ils habitaient les rivages actuels du Béloutchistan. Ils furent en effet soumis par Alexandre. Voir Arrien. Périple de Néarque et Anabase. vi. 28.
  2. Ces prétendues monstruosités, qu’enregistrèrent avec tant de soin les géographes de l’antiquité, n’ont jamais existé. Voir Tylor. La Civilisation primitive. § x. On prête un sens nouveau et extravagant aux descriptions de tribus étranges faites avec une entière bonne foi, quand elles arrivent à la connaissance de personnes qui ne sont pas au courant des faits originels. Pour n’en citer qu’un exemple, les hommes à oreilles énormes dont parlent les anciens (Pline, iv. 27. — Mela. iii. 6.) existent réellement, mais on a exagéré ce qui chez ces peuplades n’était qu’une perversion du goût.
  3. Parfois même les nègres se tuent quand meurt leur roi. Voir les abominables funérailles des rois du Dahomey décrites par Borghero. Annales de la propagation de la foi. (1862.)