Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/152

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simulachres. Chose digne d’estre recitée de ces pauvres Barbares lesquels ayment mieux adorer choses corruptibles, qu’estre reputez estre sans Dieu. Diodore[1] Sicilien recite que les Ethiopes, ont eu les premiers cognoissance des Dieux immortels, auxquels commencerêt à vouer et sacrifier hosties. Ce que le poëte Homere[2] voulant signifier en son Iliade, introduit Iupiter auec quelques autres Dieux, auoir passé en Ethiopie, tant pour les sacrifices qui se faisoient à leur honneur, que pour l’amenité et douceur du païs. Castor et Pollux nommez cleres estoilles de la mer. Vous auez semblable chose de Castor et Pollux : lesquels sur la mer allas auec l’exercite des Grecs contre Troye, s’euanouyrent en l’air, et oncques Castor et plus ne furent veuz. Qui donna opinion aux autres de penser, qu’ils avoient esté rauis, et mis entre les de la mer deitez marines. Aussi plusieurs les appellent cleres estoilles de la mer. Meurs et façons de vivre de ceux de la Guinée Ledit peuple n’a temples, ne Eglises, ne autres lieux dediez à sacrifices ou oraisons. Outre cela ils sont encore plus meschants sans comparaison que ceux de la barbarie et de l’Arabie : tellemêt que les estrâgers n’oseroyent aborder, ne mettre pied à terre en leurs païs, sinon par ostages : autrement les saccageroyêt comme esclaves. Ceste canaille la plus part va toute nue, combien que quelques uns, depuis que leur païs a esté un peu fréquenté, se sont accoutumez à porter quelque

  1. Diodore De Sicile, iii, 2.
  2. Homère. Iliade. I. v. 423-424.