Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/176

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sortir, comme il est vray semblable, de leur isle, pour chercher à repaistre, et venir à noz nauires, iusques à les prendre à la main, qu’à grand peine nous en pouuions défaire. Oyseaux de diuerses especes en grand nombre Si on leur tendoit le poing, ils venoyent dessus priuément, et se laissoyent prendre en toutes sortes que l’on vouloit : et ne s’en trouua espece quelconque en ceste multitude semblable à ceux de par deça, chose peut estre, incroyable à quelques uns. Estans laschez de la main ne s’en fuyoient pourtant, ains se laissoyent toucher et prendre comme deuant. Dauantage en ceste isle s’en trouue une espece de grands, que i’ay ouy nommer Aponars. Aponars, oyseaux Ils ont petites ailes pourquoy ne peuuent voler. Ils sont grands et gros comme noz herons, le ventre blanc, et le dos noir, comme charbon, le bec semblable à celuy d’un cormoran, ou autre corbeau. Quand on les tue ils crièt ainsi que pourceaux. Cap de Bonne Viste. Aponars et pourquoy ainsi dicte. I’ay voulu descrire cest oyseau entre les autres, pour ce qu’il s’en trouue quantite en une isle tirant droit au cap de Bonne Viste, du costé de la terre neufue, laquelle a esté appellée isle des Aponars[1]. Aussi y en a telle abondace, que

    nombre d’œufs tellement considérable qu’on en ramasse jusqu’à dix mille douzaines dans une seule semaine. Les poules de Guinée sont également très abondantes. Voir d’Avezac. Iles de l’Afrique. P. 259.

  1. Allusion au voyage de Jacques Cartier au Canada. Voici le passage de la relation de Cartier. (Ed. Ramé. P. 3.) « Nonobstant ledit banc, noz deux barques furent à ladite isle pour auoir des ouaiseaulx, desqueulx y a si grant nombre, que c’est une chasse increable, qui ne la voyt ; car nonobstant que ladite isle contienne enuiron une lieue de circumferance, en soit si très plaine