Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/180

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Toreaux, et de Lions. Il n’est du tout si haut que l’Elephât, ne tel que nous le dépeignes par deçà. Et qui me done occasion d’en parler est que traversant d’Égypte en Arabie, ie vis un fort ancien obelisc[1], ou estoyent gravées quelques figures d’animaux au lieu de lettres ainsi que l’on en usoit le temps passé, entre lesquels estoit, le Rhinocéros, n’ayant ne frange, ne corne, ne aussi mailles telles que noz peintres les représentent. Pourquoy i’en ay voulu mettre icy la figure. Et pour se préparer à la guerre Pline[2] raconte qu’il aguise sa corne à une certaine pierre, et tire tousiours au ventre de l’Eléphant, pour ce que c’est la partie du corps la plus molle. Il s’y trouue aussi grande quantité d’asnes sauuages, et une autre espèce portant une corne entre les deux yeux[3], longue de deux pieds. I’en vis une estant en la ville d’Alexandrie, qui est en Égypte, qu’un seigneur Turc apportoit de Mecha, laquelle il disoit avoir mesme vertu contre le venin, côme celle d’une

  1. On rencontre en effet non seulement sur les obélisques, mais encore sur beaucoup d’autres monuments Egyptiens des animaux représentés. Le rhinocéros y figure de temps à autre, par exemple comme spécimen des animaux appartenant à un pays vaincu. Voir le Catalogue du Musée égyptien du Louvre, etc.
  2. PLINE. H. N. VIII. 29. Rhinoceros genitus hostis elephanto : cornu ad saxa limato praeparat se pugnae, in dimicatione alvum maxime petens, quam scit esse molliorem.
  3. L’animal portant corne entre les deux yeux, dont parte Thevet, est sans doute l’harrisbuck ou peut-être encore Voryi du Cap. Voir Baldwin. Chasses en Afrique (Tour du Monde. n° 207. 208).