Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXVIII.

De la Religion des Amériques.


Nous auons dit que ces pauures gens viuoient sans religion[1] et sans loy, ce qui est veritable. Vray est qu’il n’y a créature capable de raison tant aueuglée, voyant le ciel, la terre, le soleil et la lune, ainsi ordonnez, la mer et les choses qui se font de iour en iour, qui ne iuge cela estre fait de la main de quelque plus grâd ouurier, que ne sont les hommes. Et pour ce n’y a nation tant barbare que

  1. Thevet a résumé dans ce chapitre les traditions Brésiliennes, récoltées avec soin par Villegaignon. Il les a exposées tout au long dans sa Cosmographie universelle, et surtout dans ses manuscrits, encore inédits, dont M. Ferdinand Denis a donné une intéressante analyse dans sa Fête Brésilienne à Rouen. Pourtant, dans sa Cosm. uni. (P. 910) il entre en contradiction avec lui-même puisqu’il parle en ces termes de Léry qui avait traité dans un des chapitres de ses ouvrages, la religion des Brésiliens. « C’est ici qu’il fault que je me moque de celuy qui a esté si téméraire que de se vanter d’avoir fait un livre de la religion que tiennent ces sauuages. S’il estoit seul qui eust esté en ce pais là il lui seroit aisé de m’en faire accroire ce qu’il vouldroit, mais ie scay de certain que ce peuple est sans religion, sans Hures, sans exercice d’adoration, et cognoissance des choses diuines. »