Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/217

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de derrière pour couurir le front : pourtant prist licence de porter quelque bonnet léger ou coife, pour cacher ceste part de la teste, qui estoit pellée.

Voyla sus le propos de noz Sauuages. I’ay veu encores ceux du Peru user de quelques petites chemisoles de cotton façonnées à leur mode. Sans eslongner de propos, Pline recite qu’a l’extrémité de l’Inde Orientale (car iamais il n’eut cognoissance de l’Amérique) du costé de Ganges y auoir certains peuples vestuz de grandes fueilles larges, et estre de petite stature. Ie diray encore de ces pauures Sauuages, qu’ils ont un regard fort espouuantable, le parler austère, réitérât leur parole plusieurs fois. Leur langage est bref et obscur[1], toutesfois plus aisé à comprendre que celuy des Turcs ne des autres natiôs de Leuant comme ie puis dire par expérience. Ils prennent grand plaisir à parler indistinctement, à vanter les victoires et triûphes qu’ils ont fait sus leurs ennemis. Les vieux tiennent leurs promesses et sont plus fideles que les ieunes, tous neantmoins fort subiets à l’arrecin, non qu’ils desrobent l’un l’autre, mais s’ils trouuent un Chrestien ou autre estranger, ils le pilleront. Quant à l’or et argent ils ne lui en feront tort, car ils n’en ont aucune cognoissance. Ils usent de grandes menaces, spécialement quand on les a irritez, non de frapper seulement, mais de tuer. Quelque inciuilité qu’ils ayent, ils sont forts prompts à faire seruice et plaisir, voire à petit salaire charitable

  1. ’Voir Jean de Léry et la langue Tupi, par P. Gaffarel.