Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/251

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Perses ne receuoient iamais homme à la corône de leur empire, s’il n’estoit appris en ceste magie, c’est à dire qu’il ne fust sage. Car Magus[1] en leur langue Magus en lâgue n’est autre chose que sage en la nostre, et σοφός en grec, sapiens en latin. Zamolxis. Zoroastre. D’icelle l’on dit auoir esté inuenteurs Zamolxis et Zoroastre[2], non celuy qui est Zamohis. tant vulgaire, mais qui estoit fils d’Oromase. Aussi Zoroastre. Platon en son Alcibiade dit, n’estimer la magie de Zoroastre estre autre chose, que cognoistre et celebrer Dieu. Pour laquelle entendre luy mesme auec Pythagoras, Empedocles, et Democrite, s’estre hazardez par mer et par terre, allans en païs estranges, pour cognoistre ceste magie. le sçay bien que Pline et plusieurs autres se sont efforcez d’en parler, comme des lieux et nations où elle a esté celebrée et frequentée, ceux qui l’ont inuentée et pratiquée, mais asses obscuremêt discerné quelle magie, attendu qu’il y en a plusieurs especes. Quant à moy, voyla ce qu’il m’a semblé bon en dire pour le present, puisqu’il venoit à propos de noz Sauuages.

  1. Les mages Perses n’étaient pas des magiciens mais des prêtres. Ils se divisaient en trois catégories, les Erbédes ou disciples, les Moghédes ou maîtres et les Destour Mogbédes ou maîtres supérieurs. Ils jouèrent un grand rôle dans toute l’histoire des Mèdes et des Perses.
  2. Le vrai père de Zoroastre (Zarathustra, splendeur d’or) est Pourouscharpa, qui passait pour avoir reçu la tradition divine. Thevet semble avoir traduit pour la fin de ce chapitre un passage d’ailleurs fort curieux, de l’Histoire naturelle de Pline (XXX. 2, 3).