Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/265

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pareillement practiqué par les Gaulois en leurs guerres, ainsi que le descrit Tite Liue. L’une et l’autre façon de faire m’a semblé estre fort différente à celle des Acheiens : dont parle Homère, pource qu’iceux estâts près de batailler et donner l’assaut à leurs ennemis, ne faisoyêt aucun bruit, ains se contenoyent totalement de parler. Coustume des Sauuages de manger leurs ennemis. La plus grande vengeance dont les Sauuages usent, et qui leur semble la plus cruelle et indigne, est de manger leurs ennemis[1]. Quand ils en ont pris aucun en guerre s’ils ne sont pas les plus forts pour l’emmener, pour le moins s’ils peuuent, auant la rescousse ils lui coupperont bras ou ïambes : et auant que le laisser le mangeront, ou bien chacun en emportera son morceau, grand ou petit. S’ils en peuuent amener quelques uns iusques en leur païs, pareillement les mangeront ils. Les anciens Turcs, Mores et Arabes usoyent quasi de ceste façon (dont encores auiourd’huy se dit un prouerbe ie voudrais auoir mangé de son cueur) ; aussi usoyent ils presque de semblables armes que noz Sauuages, mais depuis les Chrestiens[2] leur ont forgé, et monstre à forger, les armes, dont auiourd’huy ils sont battuz, en danger qu’il n’en aduienne autant de ces Sauuages, soyent Amériques ou autres. D’auantage ce pauure peuple se hazarde sur l’eau, soit douce ou salée, pour aller

  1. Cf. Léry. § xv. — Gandavo. Histoire de la province de Santa Cruz. P. 133-146. — M. Schmiedel. P. 240. — Thevet. Cosm. univ. P. 944. — Lafitau. Mœurs des Sauvages Américains. », 294.
  2. P. Gaffarel. Histoire du Brésil Français. P. 69.