fut prise, les hommes mangez[1], hors-mis quelques uns que nous rachetâmes à nostre arriuée. Par cela pouuez entendre que les Sauuages, qui tiennent pour les Portugais sont ennemis des Sauuages[2] où se sont arrestez les Fràçois, et au contraire. Au reste ils combattent sur l’eau, comme sur la terre. Folle opinion des Sauuages, Turcs et Mores S’il aduiêt aucunefois que la mer soit furieuse, ils iettent dedans de la plume de perdris, ou autre chose, estimans par ce moyen appaiser les ondes de la mer. Ainsi font quasi les Mores et Turcs en tel péril, se lauans le corps d’eau de la mer, et à ce pareillement voulans contraindre ceux de leur compagnie, quels qu’ils soyent, ainsi que i’ay veu estant sur la mer. Tabourins, fifres a autres instrumêts excitent les esprits. Noz Sauuages donques retournans en leurs maisons victorieux[3], monstrent tous signe de i’oye, sonnans fifres, tabourins, et chantans à leur mode : ce qu’il fait tresbon ouïr, auec les instrumês de mesme, faits de quelques fruits cauez par dedans, ou bien d’os de bestes, ou de leurs ennemis. Leurs instrumens de
- ↑ Thevet a raconté ce massacre de Portugais dans Les vrais portraits et vies des hommes illustres. T. ii, vers la fin.
- ↑ Les Brésiliens poussaient si loin la haine des Portugais qu’ils ne permettaient même pas à nos Français de leur venir en aide. Thevet s’étant avisé de vouloir sauver une jeune prisonnière Portugaise fut presque assommé et jeté à terre par ses hôtes. « Peu s’en fallut que ie ne passasse le pas aussi bien que les autres, qu’on massacroit en ma présence. » Cosm. univ. P. 916.
- ↑ Léry. § xiv : « Ne demandez pas si en passant par les villages de nos alliez, venans au devant de nous, dansans, sautans et claquans des mains, ils nous caressoyent et applaudissoyent. »