neront un dueil merueilleux, non par l’espace de trois ou quatre iours, mais de quatre ou cinq moys. Dueil des Sauuages à la mort d’un pere de famille. Et le plus grand dueil, est aux quatre ou cinq premiers iours. Vous les entendrez faire tel bruit et harmonie comme de chiens et chats : vous verrez tant hômes que femmes, couchez sur leurs couchettes pensiles, les autres le cul contre terre s’embrassans l’un l’autre comme pourrez voir par la presente figure[1] disans en leur lâgue, nostre père et amy estoit tant homme de bien, si vaillant à la guerre, qui auoit tant fait mourir de ses ennemis. Il estoit fort et puissant, il labouroit tant bien nos iardins, il prenoit bestes et poissons pour nous nourrir, helas il est trespassé, nous ne le verrons plus, sinon apres la mort auec noz amis, aux païs que nos Pagès nous disent auoir veux et plusieurs autres semblables parolles. Ce qu’ils repeteront plus de dix mille fois, continuans iour et nuit l’espace de quatre ou cinq heures, ne cessans de lamenter. Les enfans du trespassé au bout d’un moys inuiteront leurs amis, pour faire quelque feste et solen-
- ↑ Sur les coutumes funéraires des Tupinambas, on peut consulter Thevet. Cosm. univ. P. 925-926. « Ils le courbent en un bloc et monceau, dans le lict où il est decedé : tout ainsi que les enfans font au ventre de la mere, puis ainsi enveloppé, lié et garotté de cordes de cotton, ils le mettent dans un grand vase de terre, qu’ils couurent d’un plat aussi de terre où le deffunct vouloit se lauer… Ce fait ils le mettent dans une fosse ronde comme un puits, et profonde de la hauteur d’un homme ou enuiron, auec ung peu de feu et de farine, de peur, disent-ils, que le maling esprit n’en approche, et que si l’ame a faim qu’elle mange. »