Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/369

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doubte point Maniere de cheminer des Antipodes, nô guere bien entendue et approuuée des anciens. que plusieurs malaisement comprennent ceste façon de cheminer d’Antipodes, qui a esté cause que plusieurs des Anciens ne les ayent approuuez, mesme sainct Augustin au liure quinzieme de la cité de Dieu, chap. IX[1]. Mais qui voudra diligemment considerer, luy sera fort aisé de les comprendre. S’il est ainsi que la terre soit comme un Globe tout rond, pendu au milieu de l’univers, il faut necessairement qu’elle soit regardée du ciel de tous costés. Doncques nous qui habitons cest Hemisphere superieur quant à nous, nous voyons une partie du ciel à nous propre et particuliere. Les autres habitans l’Hemisphere inferieur quant à nous, à eux superieur voyent l’autre partie du ciel qui leur est affectée. Il y a mesme raison et analogie de l’un à l’autre : mais notez que ces deux Hemispheres, ont mesme et commun centre en la terre. Voila un mot en passant des Antipodes, sans elongner de propos.

  1. La véritable citation de Saint Augustin est liv. xvi. §. 9. « Quod Antipodas esse fabulantur, id est homines a contraria parte terræ, ubi sol oritur quando occidit nobis, calcare vestigia nostris pedibus adversa, nulla ratione credendum est. »