Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/397

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plus large qui soit en tout le monde. Situatiô et admirable grâdeur de la riuiere d’Aurelane. Sa largeur est de cinquante neuf lieues[1], et sa longueur de plus de mille. Plusieurs la nommët mer douce, laquelle procède du costé des hautes montages de Moullubêba, auecques la riuiere de Marignan[2], neantmoins leur embouchement et entrée sont distantes de cent quatre lieues l’une de l’autre, et enuiron six cens lieues dans plain pais s’associent, la marée entrant dedans, bien quarante lieues. Origine du Nil. Ceste riuiere croist en certain temps de l’année, comme fait aussi le Nil, qui passe par l’Egypte, procédant des montagnes de la Lune selon l’opinion d’aucuns, ce que i’estime estre vraisemblable. Aurelane ou riuiere des Amazones. Elle fut nommée Aurelane, du nô de celuy qui premièrement fit dessus ceste lôgue nauigation, neantmoins que par auant avoit esté decouverte par aucuns qui l’ont appellée par leurs cartes riuiere des Amazones[3] : elle est merueilleusement facheuse à nauiger, à cause des courantes, qui sont en toutes saisons de l’année : et que plus est, l’embouchement difficile, pour quelques gros rochers, que lô ne peut euiter, qu’auec toute difficulté. Quand l’on est entré assez auant,

  1. Singulière exagération. A Tàbatinga, à plus de 3000 kil. de l’Atlantique, la largeur est de 2500 m. ; à Santarem, à 500 kil. de la mer, de 1600 m. L’estuaire à son débouché n’est que de 50 kil. Quant à la longueur du fleuve, Thevet a donné la mesure à peu prés exacte. Elle est de 4900 kil.
  2. Nom portugais du fleuve, le Maranâo.
  3. Vicente Janez Pinzon dans son voyage de 1500, reconnut le fleuve des Amazones, mais il s’appelait alors Maranon ; ce qui semble démontrer que ce nom existait déjà à l’embouchure du fleuve. Voir Petrus Martyr. Décades (1511).