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consolation entre ces femmes tant rudes et sauuages. Trois sortes d’Amazones anciênement. Lon trouue par les histoires qu’il y a eu trois sortes d’Amazones[1], semblables, pour le moins differentes de lieux et d’habitations. Les plus anciênes ont esté en Afrique, entre lesquelles ont este les Gorgones, qui auoyent Meduse pour Roine. Les autres Amazones ont esté en Scythie près le fleuue de Tanaïs : lesquelles depuis ont regné en une partie de l’Asie, près le fleuue Thermodoô. Et la quatrième sorte des Amazones, sont celle desquelles parlons présentement. Diuersité d’opinions sur l’appellation et etymologie des Amazones. Il y a diuerses opinions pourquoy elles ont esté appellées Amazones. La plus commune[2] est, pour ce que ces femmes se brusloiêt les mammelles en leur ieunesse, pour estre plus dextres à la guerre. Ce que ie trouue fort estrange, et m’en rapporterois

  1. Sur les Amazones on peut consulter O. Muller. Histoire de l’antiquité grecque. P. 356. — Guignaut. Religions de l’antiquité. ii. P. 979. — Bergmann. Les Amazones dans l’histoire. — Freret. Acad. des Inscriptions, xxi. P. 106, etc. Ce mythe paraît s’être formé avec les récits qui avaient cours sur l’ardeur belliqueuse des femmes de Scythie, et les emportements sanguinaires des hiérodules ou prêtresses de Pallas et d’Artemis. Leur existence fut admise, même par des auteurs dont le sens critique était développé, tels qu’Arrien et Strabon. Leur popularité s’explique en partie par l’heureux choix des artistes. Voir, Vinet. Article Amazones, dans le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines.
  2. Cette étymologie n’est confirmée par aucune représentation de l’art antique. D’après Bergmann (Ouv. cité. P. 25), le a aurait une valeur augmentative, et le massa serait un mot oriental qui signifie lune, car l’examen de toutes les traditions fait reconnaître en elles les prêtresses d’une divinité lunaire. Voir, Maury. Religions de la Grèce, iii, 117.