Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/409

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que ceux qui nauigent en lointains païs ne pourroyent auoir seureté de leur voyage, si ceste prattique leur defailloit : parquoy cest art de la hauteur du Soleil, excede toutes les autres reigles : et ceste subtilité : les Anciens l’ont grandement estimée et pratiquée, mesmement Ptolomée et autres grâds autheurs. Donques ils quittent leurs carauelles, les enfonsans au fond de l’eau, puis chacun se charge du reste de leurs viures, munitions et marchandises, les esclaues principalemêt, qui estoyêt là pour ceste fin. Ils cheminerent par l’espace de neuf iours, par montagnes, enrichies de toutes sortes d’arbres, herbes, fleurs, fruits et verdure, tant que par leurs iournées aborderêt un grand fleuue, prouenât des hautes môtagnes, où se trouuerêt certains sauuages, entre lesquels de grâd crainte les uns fuyoiêt, les autres montoyêt es arbres : et ne demeura en leurs logettes, que quelques vieillards, ausquels (par maniere de côgratulation) feirent presens de quelques cousteaux et mirouers : ce que leur fut tres agreable. Parquoy ces bôs vieillards se mettêt en effort d’appeler les autres, leur faisans entêdre, que ces estrangers nouuellement arriuez, estoient quelques grâds Seigneurs, qui en riê ne les vouloyêt incômoder, ains leur faire presens de leurs richesses. Les Sauuages esmeuz de ceste liberalité, se mettent en deuoir de leur amener viures, côme poissons, sauuagines, et fruits selon le païs. Ce que voyans les Espagnols se proposerêt de passer là leur hyuer attendans autre temps, et ce pendant decouurir le païs, aussi s’il se trouueroit point quelque mine d’or, ou d’argent, ou autre chose, dôt ils remportassent quelque fruit. Par