gueres autre chose, qui desia n’ait esté attribué à l’Espagnole. Ceste isle est plus grande que les autres, et quant et quant plus large : car on côte du promontoire[1] qui est du costé du Leuant, à un autre qui est du costé de Ponent, trois cens lieues, et de Nort à Midy, septante lieues. Quant à la disposition de l’air, il y a une fort grade température, tellement qu’il n’y a grand excès de chaud, ne de froid. Il s’y trouue de riches mines[2], tant d’or que d’argent, semblablemêt d’autres métaux. Du costé de la marine se voyent hautes montagnes, desquelles procèdent fort belles riuieres, dont les eaues sont excellentes, auec grande quantité de poisson. Au reste parauant qu’elle fust decouuerte, elle estoit beaucoup plus peuplée des Sauuages[3], que nulle de toutes les autres : mais auiourd’huy les Espagnols en sont Seigneurs et maistres. Le milieu de ceste isle tient deux cens nonâte degrez de longitude, minutes nulles, et latitude vingt degrés minutes nulles. Il s’y trouue
- ↑ Ce sont les caps de Maysi et San Antonio.
- ↑ Sur Cuba à l’époque de la conquête espagnole par Diego Velasquez, on peut consulter Gomara. Historia general de las Indias. — Oviedo. Même titre. — Pierre Martyr. Décad. iii, i, 3.
- ↑ Les Espagnols massacrèrent systématiquement les insulaires, dès qu’ils se furent aperçu que le travail des mines ne répondait pas à leurs espérances. Aussi cette conquête leur fut-elle d’abord peu profitable. Manquant de bras, ils ne purent tirer parti des richesses du sol. A la Havane, en 1561, après la publication du livre de Thevet, on ne comptait encore tjue trois cents familles, et, à l’exception de cette ville, deux siècles devaient encore se passer avant que cette riche possession fut considérée comme autre chose qu’une étape commode.