Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/452

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Quinte Curse[1] en ses tiares qu’il a fait des gestes d’Alexâdre le Grâd recite qu’iceluy estât arriué à une cité nomée Memi, voulut voir par curiosité une grade fosse ou cauerne en laquelle auoit une fontaine rendât grande quâtité de gôme merueilleusement forte, quâd elle estoit appliquée auec autre matiere pour bastir : Pourquoi iadis de Babylone ont esté estimées si fortes. telemêt que l’Auteur estime pour ceste seule raison, les murailles de Babylone auoir esté si fortes, pour estre côposées de tele matiere. Et no seulemêt s’en trouue en l’isle de Cuba, mais aussi au païs de Themistitan, et du costé de la Floride. Quât aux isles de Lucaia (ainsi nommées pour estre plusieurs en nombre) elles sont situées au nort de l’isle d’Cuba et de Saint Dominique. Elles sont plus de quatre cens en nombre, toutes petites, et non habitées, Isles de Lucaia. sinon une grande, qui porte le nom pour toutes les autres, nommée Lucaia[2]. Les habitans de ceste isle vont communément traffiquer en terre ferme, et aux autres isles.

  1. Quinte Curce. v, 1. Alexander ad Mennin urbem pervertit : caverna ubi est ex qua fons ingentem vim bituminis effundit.
  2. Les îles Lucayes ou Bahama sont plus nombreuses que ne le croyait Thevet. On en compte 3077, dont 19 habitées, 10 inhabitées, 661 cayes ou îlots rocheux et 2387 rocs ou récifs. Il est peu probable qu’au temps de Thevet une de ces îles fut encore habitée, car les Espagnols avaient transporté les inoffensifs insulaires qu’ils y rencontrèrent aux mines de Haïti ou aux pêcheries de perles de Cumana. Ce sont les Anglais qui s’y établirent de nouveau en 1629. Cf. Bacot, The Bahamas, a sketch. L’île dont parle Thevet se nomme aujourd’hui Grand Abaco ou Lucaya. Elle compte 2362 habitants.