Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/505

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nostre tropique : pourquoy l’eau qui tôbe du ciel, l’air estât perpétuellement froid, est tousiours côgelée, qui n’est autre chose que neige ou gresle. Or ces Sauuages incontinent qui’ils sentent telles incommoditez, pour l’afflictiô qu’ils en reçoiuent, se retirent en leurs logettes, et auec eux quelque bestial, qu’ils nourrissent domestiquement, et là caressent leurs idoles, la forme desquelles n’est gueres différente à la fabuleuse Melusine de Lusignâ, moitié serpent, moitié femme : veu que la teste auec la chevelure représente lourdement (selon leur bon esprit sauuage) une femme. Or le surplus du corps en forme de serpent, qui pourrait bailler argument aux Poètes de faindre que Melusine soit leur déesse, veu qu’elle s’enfuit en volas, selon qu’aucuns fabulent, narrateurs dudit Româ, qu’ils tiennent en leurs maisons ordinairement. Trêblemens de terre dangereux. Le tremblemêt de terre est dâgereux, combien que la cause en soit euidente. Puis qu’il vient à propos de ce trêblemês, Opiniôs d’aucuns philosophes sur les trêblemens de terre. nous en dirôs un mot, selon l’opinion des Philosophes naturels, et les inconueniês qui en ensuiuent. Thaïe Milesien[1], l’un des sept sages de la Grèce, disoit l’eau estre cômencement de toutes choses : et que la terre flottant au milieu de ceste eau, côme une naue en plaine mer, estoit en un tremblement perpétuel, quelquefois plus grâd, et quelquefois plus petit. De mesme opiniô a esté Democrite : et disoit dauâtage, que l’eau sous terre creue par pluye, ne pouuant pour

  1. Tout ceci est la traduction ou du moins la paraphrase d’un chapitre de Plutarque. De placitis philosophorum. iii, 15.