Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/519

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tout le païs de Portugal en est fourny de là : et le trâsportent à belles nauires, auec plusieurs bons fruits, tant du naturel du païs, que d’ailleurs, Hircy. mais un entre les autres nômé Hirci[1], dont la plâte a esté apportée des Indes, car au paravât ne se trouuoit nullemêt, tant ainsi qu’aux isles Fortunées. Et mesme en toute nostre Europe, auât que lon cômençast à cultiuer la terre, à plâter et semer diuersité de fruits, les homes se côtentoyent seulement de ce que la terre produisoit de son naturel : ayâs pour bruuage, de belle eau clere : pour vestemens quelques escorces de bois, fueillages, et quelques peaux, côme desia nous auons dit. En quoy pouuôs voir clerement une admirable prouidence de nostre Dieu, lequel a mis en la mer, soit Oceane ou Mediterranée, grâd quantité d’isles, les unes plus grandes, les autres plus petites, soutenans les flots et tempestes d’icelle, sans toutefois aucunement bouger, ou que les habitans en soiêt de rien incommodez (le Seigneur, côme dit le Prophète, luy ayant ordonné ses bornes, qu’elle ne sçauroit passer) dont les unes sont habitées, qui autrefois estoient desertes : plusieurs abandônées qui iadis auoient esté peuplées, ainsi que nous voyons aduenir de plusieurs villes et cités de l’Empire de Grèce, Trapezôde, et Égypte. L’ordonnâce du Créateur estât telle, que toutes choses çà bas ne seroyent perdurables en leur estre, ains subiettes à mutatio. Ce que considerâs nos Cosmographes[2] modernes, ont adiousté

  1. C’est sans doute la canne à sucre.
  2. Voir plus haut. § xii.