Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/63

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PRÉFACE AVX LECTEVRS.


Considerât à par moy, combien la longue experience des choses, et fidele obseruation de plusieurs païs et nations, ensemble leurs meurs et façons de viure, apporte de perfection à l’homme : comme s’il n’y auoit autre plus louable exercice, par lequel on puisse suffisamment enrichir son esprit de toute vertu heroïque et sciêce tressolide : outre ma premiere nauigation au païs de Leuant, en la Grece, Turquie, Égypte, et Arabie, laquelle autrefois ay mis en lumiere, me suis derechef soubs la protection et conduite du grand Gouuerneur de l’vniuers, si tant luy a pleu me faire de grace, abandonné à la discretion et mercy de l’vn des elemens le plus inconstant, moins pitoyable, et asseuré qui soit entre les autres, auec petis vaisseaux de bois, fragiles et caduques (dont bien souuent lon peut plus esperer la mort que la vie) pour nauiger vers le pole Antarctique, lequel n’a iamais esté decouuert ne congneu par les Anciens, comme il appert par les escrits de Ptolomée et autres, mesme le nostre de Septentrion, iusques à l’Equinoctal : tant s’en faut qu’ils ayent passé outre, et pource a esté estimé inhabitable. Et auons tant fait