Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/80

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de la ligne, on s’en apperçoit aucunement selon le cours de ce fleuue. En ce destroict de la mer Mediterranée y a deux môtagnes d’admirable hauteur, l’une du costé de l’Afrique, selon Mela, anciennement dite Calpe, maintenàt Gibaltar ; l’autre Abyle, lesquelles ensemble l’on appelle colonnes d’Hercules : Diuerses opinions sur l’erection des colonnes d’Hercules. pour ce que selon aucuns il les diuisa quelquefois en deux, qui parauant n’estoient qu’une montagne continue, nommée Briareï : et là retournant de la Grece par ce destroit feit la consommation de ses labeurs, estimant ne deuoir ou pouuoir passer oultre, pour la vastité et amplitude de la mer, qui s’estendoit iusques à son orizon et fin de sa veue. Les autres tiennent que ce mesme Hercules, pour laisser memoire de ses heureuses côquestes, feit là eriger deux colomnes[1] de merueilleuse hauteur du costé de l’Europe. Coustumes des anciens Roys et Seigneurs. Car la coustume a esté anciennement que les nobles et grands Seigneurs faisoyent quaques hautes colomnes, au lieu ou ils finissoient leurs voyages et entreprises, ou biè leur sepulture et tombeau : pour monstrer par ce moyen leur grandeur et emnence par sus tous les autres. Ainsi lisons[2] nous Alexandre auoir laissé quelques signes aux lieux de l’Asie maieure, ou il avoit esté. Pour mesme cause a esté

  1. Sur les colonnes d’Hercule on peut consulter Riant, Pèlerinages des Scandinaves en Terre Sainte. P. 76, 77. — Dozy, Recherches sur l’Espagne. II, 340, Appendice n° xxxv. — Suarez de Salazar. Grandezas y antigûedades de la ciudad de Cadiz. — Redslos. Thulé. i, id. iv. — Movers. Die Phônizer. ii, p. 1, 525. etc.
  2. Arrien. Anabasis. v, 19.