Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/91

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combien nous poumons lors approcher des isles Fortunées, situées aux frôtieres de Mauritanie deuers l’Occident, ainsi appellées par les Anciens, pour la bonne temperature de l’air, et fertilité d’icelles. Or le premier iour de Septembre audit an, à six heures du matin, commençasmes à voir l’une de ces isles par la hauteur d’une montagne, de laquelle nous parlerons plus amplement et en particulier cy apres. Nombre des isles Fortunées. Ces isles, selon aucuns, sont estimées estre dix en nombre : desquelles y en a trois, dont les auteurs n’ont fait mention pour ce qu’elles sont desertes, et non habitées : les autres sept, c’est assçauoir Tenerife, l’isle de Fer, la Gomiere, et la grande isle signamment appellée Canarie, sont distantes de l’equinoctial de vintsept degrez : les trois autres, Fortauenture, Palme et Lencelote, de vingt huit degrez. Et pourtant lon peut voir, que depuis la premiere iusques à la derniere, il y a un degré qui vaut dixsept lieues et demye, pris du Nort au Su : selon l’opinion des pillots, mais sans en parler plus auant qui voudra rechercher par degrez celestes la quantité de lieues et stades, que contient la terre, et quelle proportion il y a de lieue et degré (ce que doit obseruer celuy qui veut escrire des païs comme vray cosmographe) il pourra veoir Ptolomée[1] qui en traitte bien amplement en sa Cosmographie. Entre ces isles n’y a que la plus grande qui fut appellée Canarie : et ce pour la multitude des grans chiens, qu’elle nourrist : ainsi que recite Pline, et plusieurs autres apres luy, qui disent encores que Iuba en

  1. Ptolémée. § iii, iv, v, vi.