En tout cas pas, du bon style de roman. Ce style au pinceau, fait de notations qui papillotent et qui jouent leur partie sans plus entrer dans une ligne de phrase que les chapitres ne prétendent entrer dans une ligne de composition et dans un livre construit, a fait de leurs romans, au bout d’un demi-siècle, de singuliers phénomènes. Pour le public d’aujourd’hui, autant qu’un style à comprendre, il y a là une langue à apprendre, le Goncourt, — et la vie est courte. S’il nous fallait désigner deux livres qui méritent d’être sauvés de l’oubli, nous indiquerions Manette Salomon, le seul roman considérable que l’on ait écrit sur la vie des peintres, et qui reste plein de vie, — et les Frères Zemganno, roman qu’Edmond de Goncourt écrivit seul, en mémoire de la collaboration, et qui transpose l’amour fraternel, le travail commun, dans le monde des acrobates : c’est neuf, ingénieux, et, dans les pages de la fin, d’une émotion puissante.
La coulée à pleins bords du réalisme inquiéta le pouvoir, les procès grêlèrent, celui de Flaubert, où le réalisme était stigmatisé même dans le texte du jugement qui acquittait, n’est que le plus célèbre. L’Académie, les grandes revues, prirent des mesures de défense. Rien n’y fit. Avec le roman réaliste il y eut dans la littérature certains traits permanents de plus.
Toutes les circonstances de la vie, vie de l’auteur, vie de ses contemporains, devinrent des sujets de romans ; le ro-