éviter la prison, ne devait s’engager à ne point le publier sur le continent. Le manifeste ne parut qu’à Londres en 1813, se répandit partout et devint, jusqu’à la chute de Napoléon, le livre le plus célèbre de l’Europe.
On ne la trouvera point dans la première partie, De l’Allemagne et des Mœurs des Allemands. Les Allemands n’ont jamais aimé cette figure staëlienne conventionnelle de l’esprit allemand, ni les lieux communs qu’elle a engendrés. Mais les trois autres parties, De la Littérature et des Arts, la Philosophie et la Morale, la Religion et l’Enthousiasme, si les erreurs et les légèretés y abondent, ont créé ou mis en lumière, pour les Français, un pays du romantisme, ou un climat du romantisme. Cette Allemagne littéraire et philosophique restera l’Allemagne du romantisme littéraire et philosophique.
Du romantisme littéraire. Les jugements de Mme de Staël ne viennent pas tant de ses lectures que de ce qu’elle a entendu dire pendant quatre mois dans les cercles de Weimar. Or la grosse question littéraire y était à cette époque celle du théâtre. Il n’y a pas seulement une dramaturgie de Hambourg, mais une dramaturgie de Weimar. Et le grand dramaturge de l’Allemagne, c’est Schiller. Et les pièces les plus populaires sont celles de Werner. D’où leur place dans l’Allemagne. Le théâtre de Gœthe est moins considéré. Sur Faust, paru en 1808, Mme de Staël qui lisait peu l’allemand, nous donne l’opinion moyenne qui s’est formée à Coppet. Gœthe, qui