l’idée de la liberté ont fleuri extrêmement vivaces et l’un des deux éléments du couple ne serait plus qu’un pâle fantôme si l’autre disparaissait. La coexistence de l’une et de l’autre dans le microcosme de toute Assemblée, parlementaire ou non, n’est que la figure de leur succession générale dans une autre histoire et de leur simultanéité dans chaque moment de notre histoire. — C’est bien pourquoi, entre mille raisons, il faut être anti-parlementaire. — Ne mêlons pas ce filon à celui que nous suivons à présent. D’une façon générale toute culture supérieure consiste en un rapport original entre des valeurs d’ordre et des valeurs de liberté. Toujours le dorique et l’ionique de notre Acropole. La France a été comme le laboratoire des idées claires et distinctes, logiques et plastiques de l’une et de l’autre. Fille aînée de l’Église et mère de la Révolution, elle implique bien les deux Frances dont M. Seippel a fait le portrait dans son livre ingénieux. Mais n’existe-t-il pas pareillement sur le même plan deux Angleterres et deux Allemagnes ? L’Angleterre de l’imitation, de la discipline sociale et du cant n’est-elle pas l’Angleterre de la grande, pleine et saine liberté individuelle ? L’Allemagne de l’organisation et du Verein n’est-elle pas l’Allemagne de la musique ?
La musique… Schème général ou réalité-type du monde comme le voulait Schopenhauer, unissant l’ordre mathématique le plus rigoureux avec la liberté la plus indéfiniment vaporeuse. Un peuple, pour qui le déchiffrerait comme une partition, ne révélerait-il pas dans son unité le même contraste intérieur ?
Restons, avec M. Maurras, à ces racines, à ces essences. « Un poème, dit-il, n’est pas liberté, il est servitude : sa beauté se juge précisément au rapport des valeurs naturelles mises en jeu avec la sereine vigueur du rythme ondoyant qui les courbe. » Un poème est donc servitude, ordre fixé et défini, et nous avons vu M. Maurras trouver au degré le plus éminent ce caractère dans l’art classique. Mais à son tour ce poème, ce rythme ondoyant, vigoureux et serein, constitue une valeur naturelle de suggestion vivante, souplement et diversement rayonnante. Il n’est point asservi à son texte, il n’est même pas asservi à un rythme fermé et fini. Il s’en libère pour se répandre dans d’autres texte et sous d’autres rythmes. Le Racine de M. Maurras, celui qui le mène à la belle discipline française, n’est pas celui qui faisait verser tant de larmes par la voix de la Champmeslé : il n’est point le Racine exemplaire du goût et modèle à imiter du XVIIIe siècle. Et le poème en dehors de cela, de ces lectures, de ces imitations, de cette humanité,