Quand il explique le romantisme en deux importants ouvrages, les Amants de Venise et le beau morceau du Romantisme Féminin, M. Maurras ne se défend pas d’une estime éclairée pour la poésie romantique, d’une tendresse pour ceux qui furent les héros et les victimes du romantisme. Mais aucune atténuation dans ses jugements sur la démocratie : la démocratie c’est l’anarchie, c’est le mal, c’est la mort. « La cité antique est tombée en décadence quand le ver de la démocratie l’a rongée ; et les parties du monde moderne auxquelles le même animalcule immonde s’est attaqué inclinent au même destin[2]. » Défendre la société contre ses ravages, telle est l’œuvre qu’il s’est proposée, tonique par sa difficulté, escarpée par son but. Sa haine de la démocratie est fondée sur trois raisons : la démocratie est le contraire de l’organisation, — elle est la société à l’état de consommation et non de production, — elle représente dans l’intelligence politique la critique qui ne peut que détruire, mais ne sait pas édifier.
Le problème dit de l’organisation de la « démocratie » a fait le sujet de nombreux ouvrages, généralement peu substantiels. On déclare que c’est un problème vital auquel il est nécessaire d’aviser, puis après quelques tours de passe-passe, on se confie aux forces de la « vie », on constate une pagaille présente, dont on fait un tableau pittoresque, et l’on conclut que la démocratie saura probablement « se débrouiller ». Mais le système D n’est, dans l’ordre politique comme dans l’ordre militaire, qu’une rallonge que met l’esprit d’initiative à une organisation qui lui préexiste et qui lui donne sa base. Le terme d’organisation de la démocratie est simplement, d’après M. Maurras, un terme contradictoire, un fer en bois. « Une démocratie est nécessairement amorphe et atomique, ou elle cesse d’être une démocratie. Une démocratie ne