son essai trace cette voie à l’Intelligence. Il ne l’y défera, malheureusement, qu’avec difficulté.
En tout cas il appartiendrait à l’intelligence, comme pouvoir spirituel, d’analyser et de classer ces éléments d’aristocrate anciens ou nouveaux, traditionnels ou spontanés, de même qu’il appartiendrait à un pouvoir temporel, héréditaire lui-même, de les réintégrer efficacement dans la loi d’hérédité. Mais l’Intelligence, ordre de valeur individuelle ou éternelle, a besoin, pour rendre à la notion sociale d’hérédité sa bonne conscience, de faire à la fois contre elle-même et contre son milieu démocratique un effort de résistance et de réaction extrêmement pénible. La loi d’hérédité confirmée d’un côté par la science et de l’autre côté par tout les faits de la vie politique quotidienne se heurte sans cesse à la double méfiance de l’intelligence elle-même et de la démocratie.
Si nous constatons par exemple que le Parlement, comme les Parlements de l’ancien Régime, refait de l’aristocratie héréditaire, la remarque sera ressentie par lui comme une injure et ramassée contre lui comme une critique. Il est pourtant naturel que le rôle de defensor civitatis, de courrier et de patron des intérêts locaux tende à devenir héréditaire exactement comme il l’est devenu au moyen âge, à l’origine de notre noblesse. Il est naturel et il est bon que la meilleure récompense pour un parlementaire dévoué à ces intérêts locaux soit de transmettre son mandat à son fils et de constituer dans sa circonscription une famille politique jouissant de la confiance de ses concitoyens. Il est naturel et il est inoffensif que cette fondation d’un rôle social s’accompagne d’un signe patronymique, que le trait d’union entre le nom et le prénom (que l’on a appelé la particule républicaine) signale que c’est sous Charles ou Jean et non sous Pierre ou Simon que la famille a acquis son rôle et son prestige ; il est encore plus naturel et plus inoffensif que, tels les Bouchard de Montmorency ou les Foucauld de la Roche, défenseurs de Montmorency ou de la Roche devant le voisin ou le Normand, ces défenseurs de Clagny ou du Jura devant l’administration centrale prennent le nom du lopin de terre régionale qu’ils ont protégé. La grande guerre a montré de façon très claire les avantages sociaux et moraux de cette aristocratie rudimentaire. Le choix laissé aux députés entre leur devoir militaire et leur « devoir » parlementaire a fourni une excellente pierre de touche. La masse des jeunes députés qui préférèrent le second était composée en majorité de nouveaux venus, d’hommes de café, qu’un flux électoral avait apporté et que le flux prochain remportera. Mais un parlementaire de famille,