Page:Thibaudet – Trente ans de vie française – Volume I.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1o  Le principe des monarchies est de juger et de placer les hommes selon leur valeur (Le Culte de l’Incompétence…)

2o  Les magistrats temporaires n’ont pas le temps d’acquérir de l’expérience alors que ce temps peut au contraire tenir lieu, au monarque, même de talent naturel (Kiel et Tanger.)

3o  Les magistrats temporaires se reposent du soin des affaires les uns sur les autres (… Et l’horreur des responsabilités.)

4o  Ils s’envient les uns les autres, alors que le roi n’a personne à envier, ils sont absorbés par des discussions particulières alors quelle roi n’a qu’à penser au bien général (Moi, moi…)

5o  Ils sont intéressés à ce que leurs prédécesseurs et leurs successeurs gouvernent mal, afin d’acquérir plus de prestige ; au contraire le roi, gardant le pouvoir toute sa vie, n’est pas exposé à ce sentiment (« Un conseil d’anciens ministres des affaires étrangères ! Vous n’y pensez pas ! Ils ne songeraient qu’à se jouer des tours les uns aux autres. » (Sembat.)

6o  Surtout (τὸ μέγιστον (to megiston) !) les affaires publiques sont pour les monarques des affaires particulières, pour les autres des affaires étrangères (Le métier de roi.)

7o  Dans une république démocratique, l’influence est aux bavards, aux parleurs ; dans une monarchie aux hommes d’affaires et de sens (L’avocat-roi.)

8o  Dans la guerre l’unité du commandement donne la victoire aux États monarchiques, ou tout au moins aux armées où règne l’unité du commandement (1914-1918.)

9o  L’idée monarchique est un bon sens naturel à l’esprit humain qui réalise selon elle le monde de la divinité (Non M. Maurras, monarchiste comtiste en froid avec le monothéisme. Mais l’auteur de l’Apologie pour le Syllabus réalise selon l’idée monarchique pure l’être de l’Église.)

10o Nicoclès établit que ce sont ses pères qui ont fait l’État et sauvé la patrie (Les quarante rois qui ont fait la France.)

11o Il montre que lui-même est digne de régner (Philippe VIII sera un roi dans le genre de Henri IV.)

Ces raisons, qui contiennent toute la topique du monarchisme, comportent avec des arguments déjà anciens (qu’on se reporte au discours de Gobryas dans Hérodote !), des éléments empruntés à l’expérience politique d’alors, mais témoignent avant tout, théorie élégante et solide, du génie architectonique et idéologique d’Athènes. Dans la mesure où cette théorie pouvait se respirer avec l’atmosphère