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l’oreille que le quatrième ait glissé dans la chute même évoquée de robes, laissant ce monosyllabe de blanc s’ériger comme un corps dévoilé. Il en est de même du vers

Une ruine, par mille écumes bénie.

(Mes bouquins refermés.)

qui n’a que trois accents forts sur la troisième, la neuvième et la dernière, ceux de la sixième et de la septième absorbés par celui de la neuvième. Le long intervalle et la césure entre les deux premiers accents désigne, en harmonie parfaite avec le sonnet, un espace vide de ruine.

Cet effet et celui de l’exemple précédent se reproduisent successivement dans les deux derniers de ces vers, l’un et l’autre à trois accents,

Moi de ma rumeur fier je vais parler longtemps
Des déesses, et par d’idolâtres peintures
À leur ombre enlever encore des ceintures.

(L’Après-Midi.)

Dans le deuxième vers, intervalle et césure entre les deux premiers accents (troisième et neuvième encore), figure rythmique qui reproduit le longtemps ; dans le troisième vers une ceinture qui, avec l’accent enlevé (ou au moins estompé) de l’hémistiche au voisinage de la huitième, tombe.

Dans la versification régulière, on considère souvent comme une faute de rythme l’accent fort mis sur la pénultième du premier hémistiche. Tous les poètes l’auraient alors commise dans quelque vers. En voici des exemples chez Mallarmé :

La plupart râla dans les défilés nocturnes.

(Le Guignon.)


    forme au décompte et au numérotage par syllabes, bien qu’artificiels et visuels.