toute en ailes de ses chroniques et de ses lettres, il les dédaigna dans sa recherche de lointains plus nouveaux.
Cela, de la manière toujours relative où l’on peut abdiquer une nature spontanée. Dans ce billet à Yvonne de K..., comme dans une page quelconque de la Dernière Mode, apparaissent déjà les tours familiers qui demeureront : le rejet du sujet, la phrase tressée d’un mouvement de vannier, avec ces arrêts et ces insistances d’une main retournée qui noue : je veux, j’interdis, le oui ! explétif et ponctué.
De cette prose Mallarmé brisa, assouplit indéfiniment la courbe par la liberté de sa construction. Il l’amena à une concentration croissante, l’épurant de tous mots accessoires ou parasites. Enfin il piqua dans les mots des sens détournés, allusifs, subtils.
De ce style, étudié dans son détail, j’énumérerai, avec des exemples, les aspects les plus significatifs.
I. — Les mots forts n’y sont presque jamais les verbes, ce sont presque toujours les substantifs. Les phrases sont souvent sans verbe. « Le tour classique renoué ; et ces fluidité, nitidité[1] ». Mallarmé aime le substantif isolé en une exclamation, comme le Palmes ! de Don du Poème. « Quand, effroi, je sentis...[2]. »
L’emploi lui est très habituel des substantifs abstraits à la place d’un adjectif ou d’un verbe. « Le littérateur oublieux qu’entre lui et l’époque dure une incompatibilité[3]. » Une danseuse « simule une impatience de plumes vers l’Idée[4] ». Un ami absent est « une absence d’ami ».
II. — Le culte de l’épithète rare, qui fut le souci de l’« écriture artiste », Mallarmé, paradoxalement toujours, ne le porta pas, comme les autres, à l’épithète