que les amants s’appellent par des noms entendus d’eux seuls. Tous deux gardent aussi quelque saveur étymologique. Et Pulchérie ne vous rappelle-t-elle pas la « modeste érudite et dévote » de Franciscæ meæ laudes ?
L’aimée, dont l’extase devant la vision d’art et le livre a glissé, par le sourire, jusqu’à, simplement, de l’amour, en une tête abandonnée, en un nom prononcé, seule maintenant demeure, et sa parole ou son baiser ferme le poème.
Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau
S’attarde, il est minuit, à l’ombre qui nous fête
Excepté qu’un trésor présomptueux de tête
Verse son caressé nonchaloir sans flambeau
Sur un sépulcre, un seul nom, le sien, pendant que demeureront blancs les parchemins éternels pour qui le nom du poète était né. Ce nom seul, Pulchérie, fera bruire et rire un peu le tombeau de la poésie qui n’a pas fleuri, des rêves qui sont demeurés,
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui.
Et la Prose, le poème des stances frêles qui s’allonge sur la page nue, n’est-il pas ce trop grand glaïeul resté vivant, seul, du songe des cent iris, et dont l’aspect même d’Art poétique cache le nom de l’aimée sur lequel il est éclos ?
Comme l’Après-midi d’un Faune, la Prose paraît apte à ce qu’en fonction d’elle s’exprime quelque spectacle idéal fait de décor, de ballet et de musique. Le poème en demeurerait le cœur, comme le fil de ses images reste au centre du commentaire scolastique que j’ai essayé de développer : au lieu de mes moines ou de mes raisons, comme j’imagine des ballerines ! Ballet et musique figureraient — livre, île, jardin, fleurs, sourire, mer, amour — une logique intérieure, une durée de vie, la chair dont j’ai projeté, en pages sèches, l’ombre.
La danse, dit Mallarmé, « est seule capable par son écriture sommaire de traduire le fugace et le soudain