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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/143

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teurs. Les comités radicaux et socialistes, à l’intérieur des partis, fonctionnent plus encore comme freins que comme moteurs, ainsi que Mme de Chastenay le remarquait des comités révolutionnaires. Comme les mers au regard des terres, ils s’échauffent et se refroidissent plus lentement que les personnalités dirigeantes. Ils marquent un retard sur les individus. Dans l’horlogerie politique, ils ressemblent davantage au Sénat qu’à la Chambre, ils sont les sénaticules de la petite démocratie locale.

De là la supériorité du républicain à la Clemenceau sur le républicain de comités quand il faut agir, vouloir prendre les responsabilités. Brisson, qui était révisionniste dès avant la découverte du faux Henry, prolongea de deux ans l’agitation de l’affaire Dreyfus parce qu’il n’osa prendre de décision sans être sûr de l’avis des cadres (maçonnerie, conseils généraux, vieux républicains), alors violemment antirévisionnistes. Ajoutons que son ministère comprenait trois vieux radicaux de sa formation, et, pour deux d’entre eux de sa génération, Sarrien, Lockroy, Bourgeois.