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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/144

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Cet état-major, issu de l’école des cadres, laissa passer les quarante-huit heures pendant lesquelles tout le monde, à Paris, de l’aveu de Lemaître, acceptait la révision. Le seul radical autoritaire du cabinet était Cavaignac : petit-fils d’un conventionnel jacobin, fils du général des journées de juin, il avait (sans jeu de mots sinistre) l’autorité dans le sang. La tradition militaire de sa famille, l’ambition de succéder à Félix Faure, l’orgueil surtout, firent de lui l’obstacle, alors tout-puissant, à la révision.

Le vrai chef révisionniste, ce fut l’autre radical autoritaire, l’autre républicain formé par l’opposition à l’Empire, c’est-à-dire par l’Empire, Clemenceau. Devant les hésitations et les prudences du radicalisme de comité, Clemenceau demandait dans son journal si Brisson était plus lâche que bête ou plus bête que lâche. Brisson n’était ni l’un ni l’autre. Simplement il ne concevait que la République des cadres et par les cadres, tandis que Clemenceau, qui avait inventé Boulanger, et à qui il était réservé d’être lui-même le général ou plutôt le conventionnel Revanche,